Campagne présidentielle 2017, l’hégémonie médiatique

Dimanche 7 mai, l’échéance présidentielle 2017 s’est achevée par l’élection d’Emmanuel Macron, huitième Président de la Vème République, au terme d’un second tour annoncé de longue date contre Marine Le Pen. Marquée par un rythme effréné et une flagrante mainmise médiatique, la campagne restera la plus surnaturelle des dernières décennies.

Les sujets principaux passés à la trappe

Toute la campagne durant, le fond du débat a été délaissé pour la forme. L’Europe a finalement été le seul clivage des débats. Et pas un seul mot sur l’écologie ! La situation climatique n’a jamais été aussi alarmante. Le taux de concentration atmosphérique de CO2 a battu un record, 250 millions de réfugiés climatiques sont annoncés, le risque d’accident nucléaire persiste… Et les politiques ne s’emparent pas du problème, pis, s’en complaisent. « La jeune fille pose toute à l’heure une question sur l’écologie, et ça y est, on part complètement sur autre chose ! L’écologie, on y arrive, et on y reste, parce que c’est important », s’était agacée Nathalie Kosciusko-Morizet lors du débat de la primaire de la droite. En toute objectivité, exceptés Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon, aucun des candidats n’a fait de la lutte contre le dérèglement climatique un cheval de bataille. Et pire encore, aucun des journalistes ou présentateurs d’émissions politiques n’ont questionné une seule fois les candidats sur ces sujets, pourtant primordiaux.

Les affaires, obnubilation ou complot ?

Le 25 janvier, deux mois après la primaire de la droite, le Canard Enchaîné a lâché une bombe : François Fillon aurait fait bénéficier sa femme Pénélope d’emplois fictifs, une enquête était ouverte. Se sont succédés les costumes, les salaires de ses enfants, l’actionnariat dans plusieurs entreprises privées… Les médias, quasiment sans exception, ont passé deux mois à parler de ses démêlés judiciaires, à coincer l’accusé sur ses déclarations toutes contradictoires les unes des autres, tout ça sans parler du fond de son programme. Pourtant, ce dernier avait de quoi faire débat, tant il était difficile pour les classes moyennes. En discutaillant des affaires sans relâche, les médias ont en plus alimenté la fumeuse hypothèse des politiques et militants dénonçant un assassinat politique.

Lucas Tracol, étudiant en Erasmus cette année en Irlande, a vécu cette campagne à distance…

Amoureux de Macron, inquiets de Mélenchon

La dernière tranche de campagne a été flagrante de manipulation. Le couvant depuis le début de son ascension, les médias ont fait du candidat d’En Marche ! leur coqueluche. D’après une étude menée par l’indépendant Le Jour Se Lève, les quotidiens Libération, l’Obs, le Monde et l’Express totalisent plus de 8 000 articles sur Emmanuel Macron de janvier 2015 à janvier 2017. À titre de comparaison, les articles évoquant Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon dans les mêmes quotidiens et sur la même période ne s’élèvent qu’à 7 400 à eux trois.

En fin de course toujours, beaucoup n’ont pas hésité à remodeler et déformer les positions de Jean-Luc Mélenchon. L’associant tour à tour à un pro-dictateurs et populiste, et mettant en avant des propositions pseudo-polémiques, les médias ont participé à une descente politique du candidat de la France Insoumise. Sûrement parce que celui-ci refuserait la formation de groupes médiatiques, soumis aux envies de leurs directeurs, notamment Messieurs Bolloré et Dassault…

Même si l’heure n’est pas à appeler au complot, il est clair que les médias ont joué un rôle central dans la finalité de ces deux tours, influençant les électeurs comme jamais. La liberté de la presse appelle-t-on…

Yeelen Ravier

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